Et quoi ? A quoi tu t'attends exactement ? Tu penses surement que pour avoir réussi à survivre cinq années dans un tel enfer j'ai du avoir une vie agitée ? Tu penses que forcément, quelque chose allait mal qui a fait que j'ai dû apprendre à être dure ? Je vais mettre fin à tes illusions. Je ne suis pas une héroïne. Je ne suis pas le genre de fille que tu vois à la télé, tu sais ? Catwoman, Wonder Woman. Je suis Eden. Juste, Eden. Je suis la fille qui passe tes courses devant la machine qui fait "bip" au Supermarché, ouais la machine qui des fois elle fait pas "bip" et qui embête les gens pressés. Je suis la fille que tu bouscules pour monter dans le bus, la fille à qui tu rends la monnaie sans même la regarder. Je suis une fille banale, de celles qui vivent des vies normales, qui se lèvent le matin, font leur journée et retournent se coucher. Je suis de celles qui ont eu une vie heureuse qui un jour à basculée. Je suis le genre fille à papa, le genre qui aime ses parents et qui ne rêve pas de les quitter contrairement à d'autres.

Je suis cette fille, née à la fin du mois de mai un matin ensoleillé, quoiqu'un peu frais tout de même, celle qui à conquis le coeur de ses parents dés les premières secondes de sa vie à tel point qu'ils ont choisit de m'appeler Eden, rappel à Dieu, au jardin, au paradis. Je suis fille unique. Je suis le genre à avoir été gâtée, oui mais pas trop. Juste assez pour être reconnaissante. Tu vois, j'ai été heureuse. Très heureuse. J'ai eu une enfance magnifique, presque magique. Une mère aimante, attentive sans en faire trop, ma complice, ma confidente, presque ma meilleure amie en réalité. Un père adorable, protecteur et qui voulait tout partager avec moi jusqu'à ses passions les plus folles. J'ai eu une scolarité normale. De bons résultats, pas la meilleure de ma classe, pas la pire non. Normale. Au milieu. Assez pour avancer. Pour progresser. Pour entrer au lycée. Et là, tu te dis finalement que ma vie ressemble à la vie des filles parfaites dans les livres, mais si tu lis beaucoup de livres, ou même si tu préfères les films tu devrais savoir que ce genre de bonheur ne dure jamais bien longtemps. La vie ne peut pas être rose. Ou si, elle peut l'être mais elle ne le reste jamais. Il y a toujours de l'encre pour couler sur ce beau papier tout blanc qu'est ta vie. Une tâche qui s'étale, qui gâche ton bonheur, recouvre ton sourire...quelque chose que tu ne peux plus retirer, plus effacer. Qui te marque. A vie. Ma tâche à moi s'appelle Cancer, et je ne parle pas du signe astro. Je parle de la maladie. C'est mon père que le destin a frapper et lorsque j'en ai eu connaissance il était déjà trop tard. Je n'ai pas eu le temps d'en vouloir à qui que ce soit de m'avoir cacher quelque chose d'aussi grave. La vie m'avait déjà retirer mon père. Si j'ai pleurer ? Enormément. En réalité, j'ai décrocher de la réalité. J'ai passer des journées entières, enfermée dans ma chambre, recroquevillée dans mon lit à pleurer toutes les larmes de mon corps et à prier un Dieu en qui je ne croyais pas pour qu'il me rende mon père, qu'il rétablisse ma vie, qu'il répare mon existence. Et puis j'ai cesser de pleurer. Toujours dans ma chambre, je me suis perdue dans mes souvenirs. Je revoyais le sourire de mon père lorsqu'il m'emmenait chasser avec lui, lorsqu'il m'apprenait à tirer avec son 9mm, sur des cibles accrochées à des arbres, je lisais sa fierté sur son visage lorsque j'atteignais le milieu. Enfin, je me suis relevée. J'ai regarder autour de moi à nouveau...et si j'aurais voulu y voir de la lumière, il n'y avait toujours que des ombres. Ma mère était toujours là, mais elle avait perdu tout son éclat. Sa lumière s'était terni. Dans son regard, on ne lisait que le deuil et la peine, rien ne semblait assez fort pour la porter, la relever. Pas même moi. Elle dérivait, comme un navire fantôme sur les eaux troubles qui l'avaient emporté. Bien vite, elle avait cesser de vivre pour ne finalement faire que survivre. Incapable de s'occuper d'elle même, il avait fallu qu'elle cesse de travailler, l'argent avait cessé de rentrer, les dettes s'accumulaient.

Face à face avec la vie, j'avais bien vite compris que j'étais la seule en position de prendre une décision. Mon diplôme en poche, j'avais désormais la possibilité d'entrer à l'Université et à ma grande surprise pas mal d'excellents choix s'offraient à moi. Mes notes avaient été plutôt bonnes. Je rêvais de faire criminologie, de devenir profiler, mais ce rêve fut vite abandonné. Balayé par le destin. Elle déprimait, elle était à bout et je savais que seule, elle était capable du pire et alors que mes anciens camarades faisaient leur rentrée quelques semaines plus tard, moi je commençais mon tout premier job : caissière. Sans qualification, je m'estimais chanceuse. J'avais trouver du boulot, c'était tout ce qui comptait. Désormais, je pouvais souffler, me dessiner une routine et au fil des mois tout semblait peu à peu s'améliorer. Ma mère, semblait réapprendre à vivre sans mon père à ses côtés. Elle souriait, sortait, j'avais retrouver le temps d'étudier par moi même en lisant des tonnes de bouquins et je me confortais dans l'idée que j'avais fais les bons choix. Ma vie, cette feuille de papier blanche tâché n'était plus si noire, elle était grise et c'était déjà pas mal.

Mais voilà. On connait tous cette "expression". Chienne de vie. Je me suis toujours dis que les gens qui l'employaient, ne devaient pas avoir de chance du tout, pour moi la vie n'était pas si cruelle...mais c'était avant que la suite n'arrive. Avant ce virus. Avant ce jour, où en rentrant chez moi à la hâte j'avais retrouver ma mère à la maison, morte, le bras ensanglantée. Avant que je ne hurle mon désespoir, que je ne tente d'appeler des secours...sans succès, avant qu'elle ne se réveille, qu'elle n'essaie de me tuer, de me dévorer, avant que je n'attrape une arme et que je ne la tue. Savez-vous ce que j'ai ressenti après tout ça ? Rien. Le vide. Comme si la douleur, trop forte, m'avait consumée, m'avait brûler le cœur. Je me souviens avoir vomi après ça. Et puis je me suis enfuie en emportant le couteau de chasse de mon père, l'arme avec laquelle j'avais abattue ma propre mère et quelques munitions en plus. Je me souviens avoir pris quelques bidules à manger. Je me souviens avoir tout mis dans mon vieux sac, celui que j'ai encore avec moi. Après ? J'ai errer. Je me suis cachée et j'ai été sauvée.

Au milieu de ce chaos, il y avait ces gens adorables. Un petit groupe de personnes qui avant que la fin du monde ne commence, ne se connaissaient même pas. A leur tête, il y avait ce vieil homme qui me faisait tant penser à mon père...et alors que les mois s'écoulaient, que rien ne semblait s'arranger je réapprenais à vivre avec eux. Ils étaient devenus mes amis, presque une seconde famille. Avec eux, je continuais de m’entraîner à tirer, j'avais appris à conduire, à être prudente et à me défendre. Les rôdeurs continuaient à me faire peur, mais au moins je savais que je n'étais pas seule au monde. Et un soir, une fois de plus, le destin. La veille, nous avions décider de faire route vers le Sud. Nous avions récupérer des tentes et après une longue marche nous avions monter un campement dans lequel nous avions instaurer des gardes...mais ça n'avait pas suffit. Ce soir là, ils sont arrivés nombreux, trop nombreux. De cette nuit, je ne retiens que mes coups de feu, tirés à la hâte, n'importe où. J'avais vider mes réserves pour tenter d'en tuer, pour tenter de les sauver...mais je n'avais sauver personne. Personne sauf moi. Moi j'avais couru. Longtemps, très longtemps. Jusqu'à ne plus entendre un seul bruit, jusqu'à tomber d'épuisement.

J'ai errer. Une semaine, peut-être deux. Et puis je l'ai rencontré. Il s'appelait Isaiah et le soir de notre rencontre, il a en réalité failli m’ôter la vie par accident, à la place pour m'éviter, il a envoyer sa voiture dans un fossé. Après ça, il m'a suivie pendant un mois en tentant de me convaincre de rejoindre son groupe...ce que j'ai toujours refuser de faire. Au bout de ce mois, j'ai fini par le perdre lors de la fouille d'une épicerie et cette énième perte fut la pire de toute. J'ai rejoins Bacon's Castle en sa mémoire et aujourd'hui c'est là-bas que je vis, que je survis.