Il n’y avait pas un râlement, tout était calme, seul le clapotis de l’eau rythmait le lever du soleil. J’étais devant les restes du feu que Merle avait fait la veille. Il pionçait de son côté, dans la tente reposait Alessa. Voilà peu que je l’avais retrouvée et sortis de sa misère, blessée, certes, mais en vie. Je n’avais pas hésité à la ramener auprès de Merle. Dans notre campement de fortune qui ne cessait de changer d’un jour à l’autre. Une simple toile de tente, des fils, entourant les arbres à proximité entre eux pour retarder et prévenir des rôdeurs, le peu de nos vivres restantes étalées pour mieux se restreindre.
Encore, hier, lors de mon excursion, j’avais pu ramener quelques conserves, rien de bien palpitant mais au moins de quoi se remplir l’estomac. Le réapprovisionnement avait été vite bâclé vu que j’étais par la suite tombé sur Alessa et un groupe plutôt conséquent de morts avides de nous dévorer… Merle n’avait pas manqué de me le reprocher en me voyant revenir avec si peu de bouffe et une fille qu’il ne connaissait même pas. La confiance se gagne de moins en moins facilement…

J’étais debout, j’avais pris le dernier tour de garde, faisant distraitement bouger les cendres avec la pointe d’un de mes carreaux. La toile de tente était légèrement ouverte, me permettant de vérifier l’état d’Alessa, glissant, de temps à autres une main à l’intérieur pour toucher son front, vérifiant qu’elle n’était pas fiévreuse. Je suis loin d’être médecin ou quoique ce soit, c’était plus de son ressort, mais je n’aime en aucun cas rester passif face à ça.
Je vérifiais donc une nouvelle fois son état avant d’entendre un grognement. Je regardais Merle mais il n’avait pas bougé alors je me redresser, avant d’entendre un tintement. Tournant mon regard je vis l’un de ces pourris fiché contre les fils de fer que nous avions placés. J’attrapais le pommeau de mon couteau et avançais vers lui, l’attrapant par l’arrière de son crâne, sentant sa peau se déchirer, je plantais ma lame au milieu de son front, le repoussant pour que son poids n’affaisse  pas les fils. Je revins en soupirant avant de me diriger vers la rivière près de laquelle nous nous étions installés. Je m’accroupissais au bord pour laver mes mains salies par quelques gouttes du sang moisi du mort et pour rincer ma lame, préférant le faire rapidement plutôt que de laisser le sang sécher et pourrir le tranchant du couteau.

Un nouveau bruit, mais en rien similaire au précédent. Apparemment ce dernier avait été suffisamment fort pour extirper Merle des bras de Morphée. « Il est fini, je l’ai planté. » Dis-je en le voyant regarder instinctivement sûrement, la barrière de fer, sûrement pour repérer d’où pouvait bien provenir le son qui l’avait éveillé… Je me redressais pour le rejoindre : « Bien dormi ? » Demandais-je simplement, replaçant ma lame à ma hanche avant de boire une gorgée d’eau, fouillant dans nos conserves pour lui balancer un truc à grailler. On a beau avoir besoin de se restreindre, faut garder des forces, sinon on finira par bouffer de l'homme.