“ Histoire ! ”
Je suis le dernier fils des Dixon, le cadet de Merle, de quatre ans mon aîné. Merle a toujours été une brute. Toujours. Et il ne faisait pas preuve de douceur avec moi seulement parce que j'étais son petit frère. Au contraire, il était presque plus terrible et pourtant il m'aimait bien. Si vous lui demandiez pourquoi, il vous rirait sûrement au nez. En réalité, s'il agissait comme ça à mon égard, c'était simplement pour pas que je fasse ma mauviette, pour que je m'endurcisse et que j'arrive à encaisser sans broncher et sans pleurer. En clair, il me former indirectement, implicitement, à faire face à notre paternel. Lui, c'était un redneck pourrie jusqu'à la moelle, il a jamais joué son rôle de père, à croire qu'il engrossait notre mère simplement pour se retrouver avec des punching-balls pour passer ses nerfs. Il frappait Merle, sans éprouver une once de culpabilité et sans avoir besoin de justification. Il était juste violent, dur et taré. C'est simple. Enfant, je ne pouvais que regarder sans pouvoir dire quoique ce soit, ni dire quoique ce soit, le regardant prendre, encaisser sans broncher.
Ma mère ? C'était une lâche, clairement. Elle était aussi violente, buvait et clopait sans arrêts. Elle est restée avec ce taré plus d'une dizaine d'années, lui a donné deux fils puis elle est morte, s'endormant clope au bec et le foie suintant, nous laissant, Merle et moi, seuls avec ce semblant de paternel. J'avais quatre ans et c'est à partir de là que je commençai à apprendre à me la fermer quand mon père gueulait, buvait et sortait sa ceinture. Mais à cette époque, il ne me frappait pas, j'étais trop petit, trop fragile pour sa colère. Alors c'était le grand frère qui dégustait. Lui, il était plus robuste, plus grand, plus fort, l'autre taré pouvait mieux se défouler et passer ses nerfs...
Puis ce fut au tour de Merle de se barrer. Il enchaînait les conneries et se faisait un joie de se faire chopper pour aller en centre de redressement. Après tout, c'était toujours mieux que de se faire battre dans ce taudis. Je me retrouvais seul avec mon vieux. Et c'était moi qui trinquais. Pas le droit de broncher. Un jour, j'étais parti dans la forêt mais m'étais paumé. J'y ai passé 9 jours, seul, à survivre de ce qui m'entourait, à tout faire pour survivre et m'en sortir seul. Et j'ai réussis. En rentrant, le vieux n'avait même pas remarqué mon absence...
Bref, pas la joie. Je faisais souvent peur à voir, je prenais quand même la peine d'aller en cours, pourquoi ? J'en sais rien, par ennuie peut-être... Parce que je n'aimais clairement pas ça, n'appréciant pas les regards emplis de pitié et de frayeur que chacun m'accordait. Combien de fois des branleurs ont essayé de me chercher des noises, faisant les malins, me pensant faible parce que j'étais différent, parce que j'étais discret et à part. Alors je m'emportais, je frappais et j'insultais. Me défendant à ma manière, me moquant royalement que personne ne cherche plus à m'approcher par la suite.
Mais une personne fit autrement que le reste du troupeau puéril. Alessa. Une gamine de trois ans plus jeune que moi. Un vrai pot de colle. Apparemment, plus j'essayais de la repousser, plus elle s'accrochait. Plus têtu n'est pas possible. Et elle a fini par remporter la partie et briser quelque peu ma carapace d'associable.
Les années passaient et Merle finit par s'échapper définitivement de la poigne de notre vieux. Je restais avec le paternel, l'affrontais même parfois, à l'adolescence, me valant d'autant plus de coups. D'autant plus de cicatrices. Serrant les dents pour ne pas lui faire le plaisir de hurler.
J'allais de moins en moins en cours, plus aucune motivation. Retrouvant Alessa de temps à autres. Mais elle avait un avenir. Elle voulait faire des études, devenir je ne sais quoi dans le domaine médical, bref, elle avait un futur et elle avait les moyens d'y parvenir. Sauf que j'avais clairement un mauvais impact sur elle. Alors j'ai pris mes distances, allant jusqu'à faire preuve de méchanceté pour qu'elle comprenne et qu'elle ne s'entête pas à refuser mon éloignement.
Les années ont continué de passer et j'ai finalement quitté la demeure familiale. Le vieux s'aggravait chaque jour un peu plus et me dégoûtait tout autant. Il continuait de me frapper, mais arrivait bien moins souvent à son but. Plus agile, habitué et malin, je ne me laissais plus faire. Limite, je lui faisais peur avec mon visage inexpressif... Je me cassais donc, il aurait bien fini par me virer quoiqu'il arrive.
J'allais retrouver Merle dans ce logement pourri qu'il s'était dégoté. Il ne savait pas que je me faisais aussi battre par le paternel et j'en dis rien. Qu'est-ce que ça allait changer ? Il m'intégra à sa bande et à ses quelques magouilles au black. Il trafiquait et touchait aux drogues. Je sombrais aussi un peu avec lui. Au moins, je m'occupais...
J'ai retrouvé Alessa à cette époque. Elle avait bien évolué dans son projet. Bien que j'avais envie de garder mes distances, je devais me l'avouer, j'étais assez content de la retrouver. Et apparemment elle l'était aussi, même si j'avais été dur avec elle... Alors elle est restée avec moi, elle ne m'en a pas voulu. Un an a passé. Son projet prenait une plus grande ampleur, mais encore une fois, me côtoyer la ralentissait, lui mettait des bâtons dans les roues. Et je ne le supportais pas... Alors j'ai de nouveau été vache avec elle pour qu'elle parte. Depuis je ne l'ai pas revue.
Quand tout est parti dans tous les sens, j'étais toujours avec Merle. On squattait un bled pourri aux alentours d'Atlanta. On ne prit pas la nouvelle au sérieux au départ. Après tout, c'était impensable. Puis on a été confronté à la réalité des choses en voyant les morts se réveiller affamés. C'est le premier rôdeur que j'ai tué. Et c'est loin d'être le dernier...
On est resté ensemble, puis on a trouvé un groupe de survivants aux alentours d'Atlanta. Merle était loin d'être tenté, mais je parvins à le convaincre. On avait besoin de manger, seuls on s'en sortirait pas... Le soir même, on mangeait avec toute la petite troupe.
Quelques jours plus tard, Merle partait en excursion dans la ville avec le chinois (qui s'avère en fait être coréen), une blonde, et les deux blacks. Mais il n'en revint pas. Ils s'étaient tous ramenés avec un nouveau en prime, tous souriant et heureux, mais avaient laissé mon frère dans ce foutoir. Sans aucun moyen de défense. Donc j'y suis retourné. Et j'ai trouvé sa main. J'étais hors de moi, j'en voulais à tout le monde mais encore plus à moi-même. J'avais été bête de demander à ce qu'on rejoigne cette bande de pourris qui laisse quelqu'un seul sans moyen de défense. J'avais été idiot de laisser Merle partir seul avec ce groupe d'imbéciles. Je culpabilisais clairement, tiraillais entre l'espoir qu'il était toujours en vie et la résignation, me demandant s'il fallait que je me rende à l'évidence. Seul, amputé d'une main, sans défense... Comment pourrait-il tenir le coup ?!
Je suis resté avec le groupe, un peu paumé maintenant que Merle n'était plus là. Notre premier arrêt se fit au CDC, pensant que là-bas, on serait peut-être protégé, sauvé ou je ne sais quoi. Quedal. Juste un taré de geek qui a failli nous cramer tous autant les uns que les autres avec ses envies suicidaires.
Puis on avançait de nouveau, moins nombreux, jusqu'à ce qu'on soit bloqué sur l'autoroute, pris par surprise par une horde bien conséquente et que Sophia, la fille de Carol, ne disparaisse dans la nature... Rick était allé la chercher, mais en vain. Alors j'ai redoublé d'efforts pour qu'on mette la main dessus. Une enfant seule dans une forêt avec des monstres à chaque recoin... Ce n'était clairement pas bon pour la petite... Puis le gosse de Rick se prit une balle, on s'installait dans une ferme et contre toutes attente, le gamin survécu. Alors que tout le monde semblait tourner la page, avancer, je continuais de chercher Sophia.
Je n'avais pas confiance en ce Hershel, je sentais que ce n'était pas net ces messe-basses avec Rick. C'est lorsqu'on apprit qu'il y avait une grange remplie de rôdeurs à même pas 100m de notre campement qu'on découvrit alors la vérité. Sophia était parmi ces rôdeurs...
Tout parti en vrille à partir de cet instant. Le vieux fermier ne voulait plus de nous, Lori avait été engrossée par on ne sait trop qui, Shane pétait carrément un câble et Rick tentait au mieux d'apaiser les tensions... Puis Shane a trafiqué, feint d'avoir été attaqué par un gamin qu'on gardait sous le coude appartenant à un groupe de tarés, tout cela dans le but de tuer Rick et de récupérer sa petite famille. C'est clair que la nana lui serait tombée dans les bras par la suite... Bref, comme d'habitude les choses tournèrent très mal, et la nuit tombée, une horde impressionnante de rôdeurs envahissait la ferme des Greene. On tenta au mieux de les virer, de les tuer, mais en vain, il en arrivait toujours des nouveaux, beaucoup trop nombreux pour nous et nos armes. Alors on dut fuir, quitter la ferme. Là encore, c'était le bordel. On se retrouvait ensuite tous sur l'autoroute, nous rendant compte de nos pertes : Andrea, une blonde des Greene, le gamin qui sortait avec la gamine Greene et Shane...
Rick prit alors les commandes, il péta aussi son câble. Il faut l'avouer, il avait de quoi... Déjà, sa femme était enceinte et il ne savait même pas s'il était le père, il devait digérer le fait qu'elle se soit tapé son meilleur pote, en plus ce-dernier avait tenté de le tuer, Carl n'était pas à son summum, l'hiver arrivait et on n'avait pas d'endroit où se poser. Alors on errait, ensemble, à piller les maisons alentours, à nous y cloîtrer la nuit pour nous reposer. On perdait un peu espoir. Puis Rick et moi, nous entendant de mieux en mieux, nous trouvâmes une prison à l'arrière d'un bois...
La prison était envahie de rôdeur et il fallut se montrer stratège pour la nettoyer. On commençait par la cour extérieure, tout le monde retrouvant quelque peu le moral à l'idée d'être protégé par de hautes grilles. Puis on s'attaquait à l'intérieur, c'est là que ce fut un peu plus complexe. Hershel fut mordu, Rick réagissant au quart de tour et lui amputant sa jambe. Des prisonniers firent des leurs, nous causant d'autant plus de problèmes. L'un d'eux ruinant une de nos barrières, nous surprenant par une horde de rôdeurs qui nous attaquait de toutes parts.
Lori accoucha à ce moment, obligeant Maggie à la césariser, Carl à l'empêcher de se transformer. T-Dog fut mordu. Et en plus, il nous fallait nous occuper de Little Ass Kicker, la fille de Rick et Lori, tout juste née... C'est pourquoi je partis avec Maggie faire le plein d'affaires de nouveau-né et que j'entrepris d'aider Carl avec la petite en attendant que Rick retrouve ses esprits.
Glenn et Maggie disparurent au profit de l'arrivée de Michonne, une manieuse de sabre mystérieuse. C'est à partir de là que les galères avec Woodbury débutèrent... Les seuls points positifs étaient le fait qu'Andrea était toujours en vie, mais surtout que Merle l'était tout autant. On allait même faire route ensemble, tous les deux, comme avant, Merle découvrant alors ce qu'il m'était arrivé suite à son départ quand nous étions jeunes, se rendant compte de ce que j'avais vécu, se la ramenant moins. Nous aurions pu continuer notre route. Mais je n'avais plus envie de ça. J'avais changé, plus humain peut-être...
Alors on revint vers la prison et Rick m'aida à trouver un terrain d'entente pour que Merle ait sa place. Ça aurait pu durer, Merle se serait arrangé, aurait fini par se faire à l'idée et arrêter de faire sa grosse tête. Mais il se mit en tête d'aller tuer le Gouverneur, leader de Woodbury. J'arrivais juste à temps pour empêcher un rôdeur de planter ses dents pourris dans mon frère, le Gouverneur l'ayant condamné à crevé ainsi. Merle allait bien, pas de morsures, rien alors j'allais pour le ramener avec moi à la prison. Je ne fus pas étonné de l'entendre refuser. C'est pas pour autant que je l'acceptais...
Je tentais de le convaincre en vain. J'allais pour le suivre, mais il refusait. J'étais en colère, je lui en voulais tout en le comprenant. Clairement perturbé je ne supportais pas de le voir s'éloigner, mais ne l'empêcha pas pour autant de le faire... Le regardant en silence disparaître avant de rejoindre la prison...
Le Gouverneur n'était pas très heureux qu'on ait perturbé sa dictature cachée et il ne tarda pas à nous attaquer. Or nous nous y attendions et lui avions réservé une surprise. Si bien qu'il battit en retraite, nous laissant la prison. On perdit Andrea à la suite de cela, mais on alla proposer aux habitants de Woodbury qui le désiraient de nous rejoindre à la prison. Notre nouveau chez nous apparemment. Ce fut dur de faire quelque chose de cet endroit. Mais on y parvint... Seulement pour quelques mois... Avant que la colère du Gouverneur ne refasse surface et détruise tout ce qu'on avait construit... Tout.
Nous étions tous séparés. Ne sachant pas qui avait survécu, qui n'était plus... J'avais survécu avec Beth et on ne retrouva personne, continuant notre route ensemble pendant un certain temps. Mais je n'ai pas su la protéger, si bien qu'elle disparut elle aussi. Je me retrouvais alors seul. Chose qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Très longtemps...
Je ne sais combien de temps s'est écoulé. J'ai erré, tout simplement, survivant sans savoir ce que je cherchais réellement. Merle ? Etait-il possible qu'il est survécu ? Rick ? Le chaos avait été tel que j'avais du mal à l'imaginer en vie... Carl, Judith, Beth, Carol, Glenn, Maggie, Michonne et tous les autres de la prison, je n'en avais croisé aucun, alors je finis par me rendre à cet évidence qui parasitait de plus en plus mon esprit. Ils n'étaient plus et j'étais définitivement seul. Du moins, c'est ce que je croyais...
Je ne sais par quel miracle je me suis retrouvé à fouiller le même bar que lui. Au départ, lui comme moi menacions l'autre d'une arme avant de se reconnaître. Merle. Il était bel et bien en face de moi. En chair et en os. Autant dire que je pensais clairement être devenu taré et être sujet à une hallucination. Heureusement, je me trompais. Il était alors hors de question que je le laisse de nouveau filer et l'on reprit notre route ensemble, comme au bon vieux temps. Et ça m'avait manqué. Vraiment...
C'est grâce à lui que j'intégrais les grottes, un campement de survivant encore bancal, mais au moins j'étais avec mon bro. Passant pas mal de temps à l'extérieur avec lui, en excursion, à traquer, à piller ce que je savais faire de mieux...
Je pensais être au bout de mes surprises, avoir eu le droit à mon quota de retrouvailles, mais je me trompais. C'est alors que j'étais en excursion, à Atlanta, pour essayer de chiper quelques vivres et armes que je tombais sur Alessa. Je crus de nouveau être sujet à l'épuisement. Mais de nouveau j'avais tort... Elle était bel et bien en vie, blessée, mais en vie, humaine. Alors je lui tendais la main et la sortais du pétrin dans lequel elle s'était fourrée. Bien un trait de son caractère qui n'avait pas été altéré par le temps...
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