"Maman! Papa! C'est horrible, dehors tout le monde est devenu carrément ta...ré."

Kenzie se fige en voyant ce spectacle affreux, en train de se dérouler devant ses yeux. Alors que dehors, on entend encore les cris d'effroi, alors que le sang coule sur le sol et que les morts jonchent les rues, Kenzie est tout de même rentrée pour voir ses parents. Eux qui étaient censés, en tant que retraités, rester à la maison pour la journée. Et en effet ils sont bel et bien là, mais ce ne sont plus Mary et Peter Clare. Eux, sont comme des copies effroyables aux yeux blancs, à la chair pourrie, à l'odeur nauséabonde. Accroupis au sol, ils festoient. Ils mangent avec appétit un pauvre homme qui a eu la mauvaise idée d'entrer avant elle, sûrement pour leur porter secours ou encore pour voir comment ils allaient. Mais c'était trop tard et il a été attaqué. A deux contre un, il est difficile de s'en sortir, apparemment. Et, figée dans l'entrée, c'est après quelques secondes que Kenzie reconnait l'homme à présent décédé, allongé de tout son long: Kyle. Son petit frère. Alors Kenzie hurla, attirant sur elle l'attention de ses parents, devenus de vrais monstres comme on en voit dans les films d'horreur ou dans les livres. Ils se relevèrent et commencèrent à avancer vers elle assez rapidement, de leur démarche morbide. L'odeur failli donner envie de vomir à Kenzie, qui se ressaisit et recula, jusqu'à ce que son dos se cogne contre le mur. Elle regarda rapidement la porte d'entrée, alors trop loin: ils l'atteindraient avant. Donc elle choisit la facilité et grimpa les escaliers pour aller jusque dans son ancienne chambre, celle qu'elle occupait quand elle était enfant. Elle s'y enferma et bientôt, entendit des coups être cognés contre le bois, vit la porte trembler. Pourtant jamais elle ne s'ouvrit. Le coeur battant, les larmes brûlant ses yeux et tremblant de tout son corps, Kenzie regarda de partout, à la recherche de quelque chose pour se défendre. Par chance, ses parents avaient changé sa chambre en une sorte de salle de sport, où elle put trouver facilement les club de golf de son père, ainsi que batte de baseball qui appartenait à son frère aîné. Par prudence, Kenzie pris les deux et se dirigea vers la fenêtre. Avisant le vide, elle fut assez rassurée: Ce n'était pas la première fois qu'elle empruntait cette sortie, ayant fait plusieurs fois le mur, adolescente. Elle sortit alors de la maison et enferma ses parents à l'intérieur. Par la fenêtre, elle pu voir que son frère était également debout, les tripes à l'air, se balançant alors qu'il marchait et grognait, le regard vide de vie. Là, Kenzie vomit derrière la maison et se mit à pleurer. Recroquevillée contre le mur, sa batte de baseball entre les mains, elle pleura, fort et longtemps. Que devait-elle faire, au juste? Elle ne pouvait pas laisser sa famille dans cette état, pas alors qu'ils étaient prisonniers de ce virus apparemment horrible. Son regard dériva ensuite sur son poignet gauche où sont tatoués trois cercles entrelacés. C'est leur symboles, à ses frères et elle: L'un vient de trépasser, mais son frère aîné, lui, n'était pas là. Où est-il? Est-il en vie? Kenzie se refuse alors à penser qu'il ne peut en être autrement: qu'il est devenu l'une de ces...Choses.

Les yeux rouges, le coeur brisé: Elle s'éloigna de la maison. Elle retourna à son appartement, situé non loin de là et n'empaqueta que le stricte nécessaire: vêtement, savon, eau, nourriture, quelques médicaments. Et surtout, armes. Taser, bombe au poivre, pistolet et munitions: Petit cadeau de son père et de ses frères pour ses vingt ans.

Le lendemain, elle retourna chez ses parents et libéra les trois membres de sa famille en les regardant droit dans les yeux, avant de leur tirer une balle dans la tête.


"Elle est malade. Nous ne pouvons pas la garder avec nous."
Kenzie soupire et croise ses bras contre sa poitrine avant de secouer fermement la tête. Devant elle se tient Andréa, une jeune femme qu'elle a pris sous son aile alors qu'elle était perdue et allait se faire dévorer par des infectés, il y a environ trois mois de ça. "Et alors quoi? Tu penses que la meilleure solution c'est qu'on la laisse seule ici juste parce qu'elle a attrapé un rhume?"
Andréa ne répondit pas tout de suite. Elle pris le temps de jeter un coup d'oeil à la jeune fille qui se tient un peu plus loin: Elle a au mois deux ou trois vestes sur le dos, le teint plus pâle qu'à l'accoutumée et passe son temps à tousser. "Nous n'avons pas de médicaments. Si ça s'aggrave, elle va mourir. Et si les infectés arrivent, elle ne pourra pas courir aussi vite que nous: Je sais que tu ne veux pas entendre ça, mais c'est fini pour elle. Elle devient un poids pour tout le monde."
Le sang sembla se mettre à bouillonner dans les veines de Kenzie qui lança un regard noir à Andréa. "Je n'arrive pas à croire ce que j'entends! Bordel, mais ce n'est qu'une gamine de quatorze ans! Alors je vais être très claire: Si je me souviens bien, quand je t'ai sauvé les fesses, tu étais plutôt mal en point, non? Pourtant ça ne m'as pas empêchée de venir risquer ma peau! Je trouverai des médicaments, peu importe le temps et l'énergie que ça prendra." Kenzie recule d'un pas et tourne les talons. Mais avant de s'éloigner, elle lance: "Et si jamais tu n'es pas contente, rien ne te retient, surtout pas moi. Si tu penses pouvoir te protéger seule, alors pars. En tout cas ici, nous n'abandonnons pas les plus faibles."

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