le silence d'une fille est son cri le plus alarmant.
“ Histoire ! ”
Elle hurle de douleur, puis elle soupire de soulagement, et toi tu pleures. Bienvenue dans notre monde petite blonde.
« Courage ma chérie, c'est fini, elle est là, tout va bien. » Tu reconnais cette voix, grave mais bienveillante. Quand tu étais dans cet endroit si chaud, si confortable, tu l'entendais souvent. Parfois il posait une main sur le mur de ton cocon et te parlait, te racontant ses journées ennuyeuses visiblement mais toujours il disait qu'il adorait revenir à la maison, pour te parler et voir le sourire de ta mère illuminer ses jours. C'est pour cela que tu t'appelle ainsi,
« Lux. » C'est une unité de mesure d’éclairement lumineux, ce qui correspond parfaitement à ce que cette voix masculine pouvait dire à travers le mur. Ce mur d'ailleurs, ce n'est que le ventre de la femme qui a prit soin de toi pendant neuf mois et qui continuera de prendre soin de toi jusqu'à la fin de ta vie. Ta maman. Épuisée, mais souriante, heureuse alors qu'une infirmière te place dans ses bras après t'avoir habillé et revêtue d'un bonnet blanc tout moche. Mais peut importe, tu es bien là, bien qu'il ne fasse pas aussi chaud que ton ancienne demeure.
Une jolie petite robe bleutée à fleurs, des couettes sur la tête, tu ris,
« é-é-mia ! é-é-mia » , un petit rire cristallin qui va parfaitement a ton âge. Tu n'as pas plus de trois ans et tu tentes tant bien que mal de prononcer le prénom de ton grand frère. Ton demi-frère pour etre exacte mais tu ne t'arrête pas à un simple adjectif idiot. A tes yeux, Jérémiah est et sera toujours ton grand frère et bien que le fait que tu n'arrive pas à prononcer son prénom l'irrite peu à peu, il te sourit toujours d'un air protecteur.
« aaa-iiinnnn » lances-tu en posant ta petite tête blonde contre son épaule et fermant les yeux en serrant fort contre ta poitrine ton doudou en forme de petit ours brun orné d'un ruban rose autour du cou. Tu agrippes ses fringues entres tes petits doigts et ta mère est là, prenant une photo. Il fait la tête, c'est encore étrange pour lui surement d'avoir une petite sœur alors qu'il est déjà si grand. En pleine adolescence, le voilà qui se retrouve grand frère d'une petite tête blonde incapable de dire son prénom correctement. Mais toi, tous ses problèmes te passent au dessus de la tête, ton grand frère c'est comme ton héros, il est fort, et il cri sur les garçons qui t'embêtent à la crèche. Ton grand frère, c'est le tien et à trois ans, tu le comprends déjà très bien.
Tu ne mesures pas bien grande, tu dépasses cependant la table de la cuisine et de la salle à manger et c'est déjà bien. Mais cela ne suffit pas pour jouer les grandes filles quand ton frère ressemble à un géant. Mais tu t'en moque, les mains sur les hanches, tu lèves les yeux vers la tête de ton frère qui vient de t'annoncer qu'il allait partir dans une école pour devenir policier et pour faire régner l'ordre. Contrairement aux autres filles de ton age, tu n'admires pas les princesses de Disney, Cendrillon c'est qu'une conne. Blanche neige, une fille trop nunuche, et Ariel, et Belle.. Non elles tu les aimes bien. Tout cela pour dire que toi, tu préfères de loin Ironman, Superman, Wolverine et Hulk.
Ou mieux encore... Les tortues Ninjas ! Les princesses ont s'en fiche, les super héros c'est juste la vie parfaite. Oui oui, tu peux penser cela alors que tu n'as même pas cinq ans.
« héhé tu vas arrêter les méssants ! tu vas devenir un sssuper-hérrrrroooos ! on t’appellera é-éMan ! » Et tu pouffes de rire alors que ton frère secoues la tête avec un air sévère. Tu t'en fiche, il a toujours l'air comme ça et pourtant il t'adore vraiment, toujours là pour sa petite tête blonde préférée, sa petite sœur.
Tu te sens seule, pourtant ils sont tous là, dans ton répertoire téléphonique. Tes amis, ta famille, mais il n'y a que la voix d'une personne que tu aimerais entendre dans ces moments là. Lui. Ton héro. Ton frère.
« allo ? Jérémiah ? C'est Lux. Tu peux me rappeler s'il te plait ? Tu me manques. Bisous. » Et en soupirant tu appuis sur la touche "raccrocher" après un énième message sur son répondeur. Ton frère n'a plus vraiment de temps pour toi. Depuis son mariage, son poste chez les flics, ses enquêtes et tout le tralala... Heureusement, de temps en temps tu reçois un sms de lui pour te souhaiter une bonne journée, ou un message sur ton répondeur pour te rassurer sur sa santé physique mais pas la mental malheureusement. Ton frère te manque mais c'est ainsi depuis qu'il est parti dans son école de police. Tu es fière de lui, ton frère est un héros mais tu regrettes qu'il soit si loin de toi. Mais ce soir tu as besoin de lui. Y'a un garçon a l'école. Bon tu n'as que onze ans mais quand même. A cet âge on pense un peu au garçon, juste un peu mais c'est suffisant pour avoir le cœur battant à tout rompre.
« LUX ! A TERRE ! » Tu ne cherches pas à comprendre est tu te mets à plat ventre alors que tu te retrouves encore devant la porte d'entrée que tu venais d'ouvrir en entendant du bruit. Tu te souviens encore du jour, la veille tu avais eu ta meilleure amie au téléphone et tu te demandais si tu pourrais finir tes devoirs demain à la bibliothèque avec elle. Mais au lieu de cela, tu te retrouve nez à nez avec un type en train de pourrir. Un coup de feu, et quand tu te relèves enfin, le bonhomme n'a qu'une tête explosée et ton père revient rapidement vers toi attrapant ton poignet pour finalement t'attirer plus loin. Pas le temps de prendre quoi que ce soit. Tu ne comprends pas ce qu'il se passe, à tes yeux c'est comme si la vie avait changer dans la nuit. Il t'amène dans la voiture et il appui sur l'accélérateur et vous voilà partie. Tu comprends rien, ton père parle tellement vite. Rechercher maman. Maladie. Zombie. Tu ne comprends rien. Depuis quand c'est comme ça ? t'en sais rien.
Tu ne sais rien et personne ne te raconte la vérité. Une larme sur ta joue, une douce main qui caresse tes cheveux et la voix de ta mère qui te murmure des mots rassurant. Pourtant, tu sens bien qu'à sa voix elle ne croit pas un seul mot de ce qu'elle peut bien te raconter. Elle tente simplement de te rassurer, de faire son rôle de mère même dans ce genre de situation.
« Ca ira ma chérie, on va s'en sortir, on va rejoindre ton frère, et tu verras, on restera ensemble. » Elle caresse tes cheveux, sa joue contre le sommet de ton crane pendant que ton père veille à ce que vous puissiez dormir un peu sans danger. Le temps passe tellement lentement. Ça ne fait que trois ans que vous êtes partis de la maison à toute vitesse, trois ans que vous survivez en priant chaque soir de pouvoir trouver un peu de sommeil sans se réveiller avec une jambe en moins.
Tu veux fermer les yeux, mais impossible. Tu veux simplement que tout cela se termine et quitte à mourir tu aimerais que tout cela se fasse rapidement et que tu ne te souviennes de rien quand tu reviendras d'entre les morts. Mais tu n'y arrives pas, tu veux fermer les yeux, tu veux juste que tout cela se stoppe mais ils prennent bien soin que tu regardes la scène et que tu n'en loupe pas une miette. Ton père est là, allongés sur le ventre et du sang dégoulinant de son corps sans vie. Les larmes roulent sur tes joues salies par la boue et les éclaboussures de sang. Pendant ce temps, ta mère te lance un dernier regard, le genre de regard qui te dit tout ce que tu as toujours su : tes parents t'aiment et sont désolés de tout cela, ils sont pourtant soulagé que tout cela se stop enfin et elle ferme enfin les yeux pour de bon, le corps ensanglanté et casser de partout.
« Et maintenant on attend de voir qui se réveil avant pour venir manger tes petites joues toutes rouges. » Tu n'as pas retenu son prénom, et peu importe à vrai dire. Tout ce que tu sais c'est ce qu'ils ont prévu de te faire. Attendre que tes parents se relèvent affamés et viennent te bouffer pour ensuite savoir qui va prendre ta virginité et te tuer. Les larmes roulent encore sous tes yeux, avec la peur au ventre. Tu ne veux pas mourir.
L'attente parait durer des heures, mais ce fut bien plus rapide que tu n'aurais pu l'imaginer. Ils étaient tellement contents, tellement excités de la situation alors que ton père relevaient déjà la tête vers toi. Tu as peur, tu es terrorisée comme jamais tu ne l'as été auparavant. Tu veux juste que tout cela se termine rapidement et quitte à mourir, tu veux que ce soit rapide. Sa main bouge et tu te mets à hurler de toute tes forces quand ses yeux se posent sur toi. Ton père va te tuer, celui qui t'a toujours traité comme une princesse, qui a toujours été là pour toi et qui a toujours prit soin de toi autant que de ta mère, c'est finalement lui qui va te tuer, t'achever, te dévorer vivante et cette idée te faire crier encore plus fort. Ça ne semble pas leur plaire, à ces types puisqu'une gifle ou deux, viennent te faire taire définitivement. Ce fut le dernier cri que tu as poussé, la dernière fois où ta voix s'est fait entendre.
Tout ce passe si vite, si rapidement. Tu as les yeux grands ouverts, écarquillés mais pourtant tu ne perçois rien. Les larmes t'aveugles et les hurlements te rendent sourde à la situation. Tu ne vois qu'une silhouette, un homme qui se bat et les autres qui finit au sol. Et ses yeux, ensanglantés qui te fixe alors qu'un corps se traine vers toi. Quelques centimètres encore. Tu vas mourir, tu vas te faire mordre et devenir comme eux mais sa tête quitte son corps avant même qu'elle n'arrive à tes pieds.
« Ca va ? tu n'as rien ? tu as été mordu ? une blessure ? » Sa voix est rassurante, bienveillante et il s'agenouille devant toi pour te détacher. Tu pleures mais aucun son ne sort de toi. Le silence...
Le silence t'envahit et tu cris, intérieurement, tu hurles.Les yeux de Jacob se posent sur toi. Tu ne réagis pas, tu as juste les yeux écarquiller en fixant devant toi et il te sourit, posant une main dans tes cheveux pour les caresser et tenter de te faire réagir.
Mais tu es brisée, ton innocence a disparu et tu cauchemarde réveillée. Sa voix est chaude, rassurante et malgré sa carrure on voit bien qu'il n'est pas le genre de type à t'en coller une.
« Hey petite, ça va t'es sur ? » Tu ne réagis pas, il te faut encore quelques instants. Les minutes passent et tu bouges enfin mais tu ne parles pas, tu n'y arrives pas. Il attrape ta main et t'aides à te redresser et finalement tu le suis sans vraiment savoir ce qu'il va se passer par la suite, mais tu t'en fiche tu veux juste que s'arrête.
Jacob arrive en courant vers toi et t'attrapes dans les hanches pour te reculer du cadavre. Il était arrivé comme ça, sans comprendre ni savoir par ou il est arrivé. Quand tu l'as vu, tu étais en train de faire cuir quelques choses pour votre repas pendant que les autres font autre chose, tu ne sais pas trop quoi. Le rôdeur est arrivé comme ça et par pure réflexe tu as balancer la poêle a frire brulante dans sa tête. Et tu as recommencer, encore et encore, encore et encore jusqu'à ce que Jacob te retienne.
« LUX ! C'est bon, calme toi, il est mort... définitivement, calme toi, lâche ça ! » Généralement, tu n'arrives pas à bouger, tu restes figée sur place mais ces yeux, ce regard affamé, tu as revue les yeux de ton père et ce souvenir est revenue dans ta tête alors tu as riposté, frapper sans cesses jusqu'à ce que sa tête tombe en mille morceau sur le sol ensanglanté.
Le temps passe mais rien ne s'efface, car tu te réveilles encore la nuit en sueur et avec les yeux terrifiés. Cela fait pourtant déjà deux ans que tu as rejoint Jacob et qu'il prend soin de toi. Ça fait deux ans que tu n'as pas dit un mot et il ne semble pas vouloir te forcer mais il tente parfois, de te faire parler. Quand tu te réveilles, il est prêt de toi, il ne te lâche pas d'une seconde parce qu'il sait que tu ne pourras pas crier s'il y a du danger. Alors dans ces moments là, il pose une main sur ta tête et tu te rapproche pour la poser sur son épaule. Dans ces instants tu te dis que tu as de la chance qu'il soit là, qu'il va te ramener auprès de ton frère que tu espères encore vivant. Tu fixes alors le plafond de la grange ou vous dormez, et tu pleures dans un silence, un silence encore plus bouleversant qu'un cri.